mercredi 11 juin 2014

Lois anti gay : L’Afrique oublie sa tolérance ancestrale envers les homosexuels




Depuis quelques mois, les homosexuels africains assistent  à une monté  d’actes homophobes à travers le continent. A l’instar des arrestations arbitraires, violences physiques et verbales, les actes de vandalisme,  les chantages et les meurtres,  des lois anti gays ont commencé à voir le jour un peu partout.   

Au Nigeria, une loi criminalisant l’homosexualité jusqu’à  des années d’emprisonnement a été votée.  L’Ouganda a emboité le pas. Au Cameroun, la chasse aux homosexuels est devenue un divertissement national. En République démocratique du Congo, Pays pourtant neutre  sur le plan juridique en ce qui concerne l’homosexualité, un projet de loi a été soumis fin 2013 à l’Assemblée nationale par le Député Steve Mbikayi.  Ce projet de loi vise la criminalisation de l’homosexualité et son interdiction sur le territoire congolais. Une partie de l’opinion publique semble soutenir ce projet de loi qui selon eux, protégera la jeunesse de l’influence de l’homosexualité.

Steve Mbikayi, le Député national  auteur du projet de loi criminalisant l'homosexualité en RDC

La vague d’homophobie défendue par certains comme une protection des valeurs africaines touchent même les États autrefois tolérante envers les homosexuels. En Côté d’Ivoire, les homosexuels sont menacés et humiliés.  Il y des craintes que ces actes encore isolés se généralisent et qu’une législation ne vienne renforcer cette haine envers les personnes LGBTI en général.  A l’exception de l’Afrique du Sud et de quelques rares pays, la plupart des États africains affichent clairement les hostilités envers l’homosexualité. 

De la Gambie, en passant par le Sénégal jusqu’au Zimbabwe, c’est le même son de cloche malgré les  dénonciations faites par  les associations de défense des Droits de l’homme.  Une seule phrase revient partout : « l’occident veut imposer l’homosexualité à l’Afrique ».  Certaines autorités du continent semblent en faire même un vrai combat oubliant les nombreuses priorités dont les États ont besoin : pacification de certains territoires, lutte contre la famine,  promotion de la démocratie, éducation, lutte contre la pauvreté, etc. Selon eux, l’homosexualité n’a jamais existé en Afrique.  C’est une importation de l’occident au sein de la société africaine.


Robert Mugabe, président du Zimbabwe

Yoweri Museveni , président de l'Ouganda



Cependant, lorsqu’on jette un regard sur l’histoire, d’aucuns peuvent se rendre compte que l’homosexualité ne vient pas uniquement de l’occident. C’est un fait qui est lié à l’humanité toute entière depuis des siècles. L'africain est une personne qui aime bien ignorer sa propre histoire. La colonisation que le continent a subie à partir du 1885 a largement contribué à créer un black out sur la plupart des coutumes ancestrales. L'évangélisation en masse du continent et l'alphabétisation, a certes permis l'émancipation mais a également favorisé l'aliénation. 

Concernant l'homosexualité, par exemple, l'occident a été très homophobe envers cette pratique sexuelle dès le moyen-âge avec la montée, entre autres, du christianisme.  A cette période, le continent noir était, par contre, plus tolérante envers les relations sexuelles entre les personnes de même sexe. 

D’ailleurs, des chercheurs ont pu trouver des preuves d’une existence de l’homosexualité dans les traditions africaines.  Il n’y avait pas une appellation unique pour qualifier une relation intime entre deux hommes ou deux femmes. Il existait plutôt plusieurs mots pour désigner l’homosexualité en Afrique.

En Angola, le mot katumua désigné un jeune homme qui était en relation avec un autre plus âgé. Chez les Azandés (RDC et Sud Soudan),  badiare est une appellation affective utilisée dans une relation entre un guerrier et son jeune « époux ». Ce mot signifiait tout simplement mon amour. Au Kasaï oriental (RDC), le terme kitesha désignait l’homosexualité masculine ou féminine. Au Burkina Faso, les jeunes travestis étaient appelés soroné. Chez les Massai du Kenya, ils étaient nommés sipolio.  Chez le Méru (Kenya), ces jeunes hommes habillés en femme étaient désignés comme mugawe. Enfin, chez les Nandi (Kenya), une lesbienne portait le nom de manong’otiot. 

Donc, nos dirigeants et surtout nos élus aveuglés par la  haine et la sous culture, semblent ignorer tout de cette histoire de notre continent si riche en valeurs humaines mais très méconnu de nous même.

JW
 

 



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