jeudi 16 août 2018

VIH/Sida: La prévention combinée pour une lutte efficace en Afrique de l'Ouest et du Centre

La prévention combinée a été au centre de l'atelier qui s'est tenue du 26 au  29 juin 2018 à Grand Bassam en Côte d'Ivoire.  Cette rencontre qui avait pour thème la prévention du VIH: plaidoyer pour et par les communautés a réuni les participants de cinq pays du Centre et de l'Ouest du continent africain, à savoir: La RDC, le Cameroun, le Nigeria, la Côte d'Ivoire et le Ghana.

Une vue de l'entrée de l'hôtel Afrikland à Grand Bassam (Côte d'Ivoire)


L'atelier sous-régional organisé par Alliance Côte d'Ivoire a bénéficié du soutien de l'Alliance Internationale, de l'Onusida et du Fonds Mondial. Il a eu pour cadre la salle de conférence de l'hôtel Afrikland. Le but de la réunion était de soutenir un plaidoyer solide, sous les auspices de la communauté dans le cadre de la prévention du VIH par les organisations de liaison de l'Ong Alliance et les partenaires de la société civile. Parmi  les objectifs retenus, il y a, notamment, le partage des expériences nationales et la discution du plaidoyer pour une approche de prévention combinée du VIH centrée sur la personne, les droits de l'homme et le genre.

La formation s'est axée sur la prévention combinée car c'est un moyen efficace pour lutter contre la pandémie dont la prévention semble être à la traine dans les pays de l'Afrique Centrale et de l'Ouest par rapport aux Etats africains de la partie  Est et du Sud.  Selon l’Onusida,  1,8 millions  de personnes, en général, ont été placées sous médication antirétroviral et 4,7 millions n’ont pas eu accès aux soins contre le VIH en 2016 en Afrique subsaharienne. Cependant, il existe un grand fossé en matière de traitement entre la région Est et Sud de l’Afrique avec celle de l’Ouest et du centre. En comparaison, 54% de personnes séropositifs suivent un traitement antirétroviral en Afrique de l’Est et du Sud contre 28% à l’Ouest et au Centre. L’écart est également important  en ce qui concerne les personnes connaissant leur statut sérologique. Pour la partie Est et Sud, le pourcentage est de 65% contre 36 % pour l’Ouest et le Centre. Au sujet des séropositifs dont la charge virale a été supprimée, leur nombre est de 45% pour l’Afrique de l’Est et du Sud contre 12% pour l’Ouest et le Centre du continent.

 A ce jour, aucun pays des deux régions n’a  atteint l’objectif visant à réduire le nombre de nouvelles infections au VIH dues à la transmission sexuelle et liée à la drogue. Pire, en Afrique de l’Ouest et du Centre, des infections au VIH continuent encore d’être enregistrées malgré une tendance à la baisse. Face à cela, il est important  de renforcer la prévention dans cette région du continent pour rattraper le retard afin de rejoindre l’Afrique de l’Est et du Sud. Cela permettra à l’ensemble de ces Etats de pouvoir atteindre les objectifs 90 90 90 fixés par l’Onusida pour 2020. Enfin, d’ici 2030, environ 22 millions de nouvelles infections pourraient être évitées si un accent est davantage placé sur la prévention et un traitement efficace du VIH.

Encore non appliqué en RDC, la prévention combinée englobent trois types d'intervention, à savoir: biomédicales, comportementales et structurelles. Elle a pour priorité de repondre aux besoins de la prévention du VIH des personnes et des communautés particulières. L'objectif  est de lutter efficacement contre la pandémie pour avoir un plus grand impact sur la reduction des nouvelles infections. Il faut noter qu'au Congo-Kinshasa, les Professionnelles de Sexe (PS) et les Hommes ayant des rapports Sexuels avec des Hommes (HSH) sont parmi les catégories les plus touchées. Selon les rapports de 2016, les PS ont un taux de prévalence de 3,4% et les HSH de 3,3%. Ces cibles faisant partie des populations clés doivent être plus impliqués dans la prévention.

Pour rappel, les cinq Etats ayant pris par à l'atélier sont membres de la coalition mondiale pour la prévention du VIH/Sida  lancée en 2017 à Genève en Suisse. Sa mission est d'encourager les pays à prioriser et à investir dans la lutte contre la pandémie.

                                                                                                                                                         JW

vendredi 10 août 2018

Angelo Boji: Activiste et fier de son orientation sexuelle

Dans une société où afficher son homosexualité est mal perçu, Angelo Boji a su braver les interdits et vivre ouvertement sa vie. Âgé de 37 ans, ce passionné de musique est un activiste confirmé au sein de la communauté LGBTI de Kinshasa en RDC. Il a accepté de répondre à nos questions afin de partager son expérience avec nos lecteurs.

Nom:  Angelo Boji
Occupation: Activiste 
Etat-civil: célibataire
Passion: La musique
Orientation: gay
position: actif

Une vue de Kinshasa, ville où réside Angelo


Malebo Force: Comment définissez-vous l'homosexualité?

Angelo Boji: C'est une attirance physique entre deux personnes de même sexe.

MF: Quand avez-vous eu vos premières relations sexuelles avec un partenaire de même sexe?

AB: La première fois que j'ai eu une relation sexuelle avec un partenaire de même sexe c'était durant mon enfance avec un cousin. 

MF: Saviez-vous que vous étiez homosexuel?

AB: Non, j'étais encore trop jeune.

MF: Quand avez-vous su votre orientation sexuelle?

AB: Vers l'âge de 13 ou 14 ans.

MF: Comment vous en êtes-vous rendu compte?

AB: J'avais atteint ma puberté et je trouvais les garçons plus attractifs que les filles.

MF: Quel a été votre réaction?

AB: C'est difficile à expliquer. Au départ, c'est quelque chose que j'aimais. A un certain moment, j'ai commencé à me sentir coupable de céder à une telle attirance à cause de la société et de la religion car tout le monde condamné l'homosexualité. 

MF: Quand avez-vous accepté votre homosexualité?

AB: En 2007, après une séance de prière au cours de laquelle j'ai demandé au Seigneur de me délivrer de cette emprise qui devenait plus forte que moi. J'ai  tout de suite compris que Dieu n'avait rien à avoir avec ma sexualité. Depuis, je ne me reproche plus rien concernant mon orientation sexuelle. Je continue à prier Dieu et je le remercie d'avoir fait de moi ce que je suis.  Je pense que je suis une démonstration de la diversité.

MF: Comment vivez-vous votre homosexualité aujourd'hui dans un environnement congolais qui reste hostile à une telle vie?

AB: Je la vis pleinement sans avoir honte de le dire. Ceux qui m'aiment doivent  m'accepter tel que je suis.

MF: Qu'envisagez-vous pour votre avenir?

AB: Je compte me marier avec un homme et profiter de la vie.

MF: Comment comptez-vous faire tout en sachant que le mariage entre deux personnes de même sexe n'est pas autorisé par la législation congolaise?

AB: Le mariage est une histoire entre deux personnes. La légalisation et la bénédiction ne sont que des formalités.

MF: Comment jugez-vous la réaction de la société congolaise par rapport à l'homosexualité?

AB: Je comprends la position des gens vis-à-vis de l'homosexualité parce que la plupart des congolais n'ont pas la bonne information. Leur comportement se justifie plutôt par la peur de l'inconnu.

MF: Quel est la réaction de votre famille par rapport à votre vie privée?

AB: Au départ, tous les membres de ma famille étaient choqués. Après discussions, ils ont fini par comprendre et ils m'acceptent aujourd'hui.. D'ailleurs, le fait d'avoir fait tomber les voiles a renforcé nos liens.

MF: Quel message pouvez-vous adresser à d'autres homosexuels?

AB: Je leur demande d'avoir l'amour de soi car il n'y a pas de mal à être différent. Au contraire, cette différence fait la beauté du monde.

MF: Merci Angelo d'avoir répondu à nos questions.

AB: Je vous en prie.



                                                                                                                  Propos recueillis par JW











Kinshasa: Les homosexuels et les bisexuels de plus de 35 ans conscientisés sur le dépistage volontaire

Les homosexuels et les bisexuels de la ville de Kinshasa âgés de plus de 35 ans ont été informés  sur l'importance du dépistage volontaire. La rencontre organisée par l'association identitaire MF et l'Ong 360 FHI s'est déroulée dans la commune de Limete. Elle avait pour but de les conscientiser sur la connaissance de leur statut sérologique.



Il faut savoir que la tranche d'âges susmentionnée est parmi la plus exposée au VIH et la plus difficilement accessible. L'explication est que dans cette catégorie, il y a des hommes qui sont déjà des responsables de famille, mariés le plus souvent et vivant pour la majorité leur orientation sexuelle dans le secret. Cette forme de clandestinité rend  ceux qui ont des partenaires multiples vulnérables aux infections sexuellement transmissible et au virus du sida.  La mission d'une telle sensibilisation est d'amener les homosexuels et les bisexuels  à adopter une sexualité responsable en utilisant le préservatif et le gel lubrifiant à base d'eau. Mais, l'objectif le plus important est de les convaincre de se faire volontairement dépister.

Pour les participants, cette journée d'information était importante car elle leur a permis d'échanger et de discuter sur les points qui jusque là restaient flous, entre autres, l'accessibilité aux soins  et  la prise en charge  dans le cas d'un dépistage positif. D'ailleurs, c'était l'occasion pour certains de dénoncer le comportement homophobe affiché parfois par le personnel soignant envers les minorités sexuelles. L'assistance a également relevé le fait que les centres de santé dits centres de confiance sensés recevoir les populations clés, par exemple, sont situés dans des quartiers trop populaires et sont facilement identifiables. Ces faits, a précisé l'un des modérateurs, ne permettent pas une fréquentation aisée de ces cliniques et constituent une entrave à l'accessibilité aux soins suite aux manques de sécurité, de discrétion et de confiance. Après les débats, quelques uns des participants ont accepté de se faire dépister sur place.


                                                                                                                                                      JW