Au cours de notre périple en Europe, nous avons interviewé à Paris Alphonse Figino, un policier gay français de 41 ans, originaire de la Guadeloupe. Vivant dans la capitale française depuis 15 ans, il est activiste au sein de l'association Flag qui regroupe les gendarmes et policiers LGBT. Alphonse est un militant qui défend la cause des minorités sexuelles. En couple avec son compagnon, il vit ouvertement son orientation sur son lieu de travail et au sein de sa famille. Nous l'avons rencontré en mars 2017 au cours de la foire des associations LGBT de la région parisienne. Ce bel homme a accepté de partager son expérience avec nous.
Alphonse Figino |
Malebo Force: Que signifie pour vous le mot homosexualité?
Alphonse Figino: Je ne me suis pas posé de question. Pour moi, c'est la vie normale. Le seul petit bémol est que nous (les homosexuels) ne correspondons pas à la norme majoritaire.
MF: Quand avez-vous découvert votre homosexualité?
AF: Depuis tout jeune, je me suis senti différent de la majorité.
MF: Comment avez-vous pris conscience de cette différence?
AF: C'est la chanson Ziggy, interprétée par la chanteuse québecoise Céline Dion qui m'a interpellée au début des années 90.
MF: Durant votre jeunesse en Guadeloupe, connaissiez-vous dans votre voisinage des personnes homosexuelles?
AF: Non mis à part, un voisin très âgé. Tout le monde le désignait comme étant un homosexuel.
MF: Comment avez-vous réagi lorsque vous avez appris que le terme gay ou homosexuel désigné votre orientation sexuelle?
AF: Quand j'ai réellement mis un mot sur mon ressenti, j’étais content et je ne me suis plus posé de question.
MF: Comment avez-vous vécu ce ressenti par rapport à votre entourage et la société guadeloupéenne, sachant que la communauté noire qu'elle soit africaine ou issue de la diaspora considère l'homosexualité comme une affaire des blancs?
AF: La société guadeloupéenne est à la fois religieuse et très permissive envers les hétérosexuels. Concernant l'homosexualité, la plupart des guadeloupéens pensent que c'est un concept imposé par les européens or elle se retrouve dans toutes les sociétés. Aujourd'hui, la jeunesse antillaise qui est plus désœuvrée n'accepte pas les relations entre deux personnes de même sexe.
MF: Pensez-vous que l'homophobie est plus virulente de nos jours que dans le passé?
AF: Avec le développement des réseaux sociaux, l'intolérance se banalise.
MF: Comment vivez-vous votre homosexualité?
AF: Je la vis naturellement. Je suis en couple depuis une année avec mon partenaire. Je ne cherche pas à imposer aux autres ma sexualité mais je ne la cache pas non plus.
MF: Avez-vous des pressions de la part de votre famille?
AF: Non, je n'ai jamais eu de pression familiale. Mes proches ne se sont jamais montrés homophobes à mon égard.
MF: Comment alliez-vous votre métier de policier et votre orientation sexuelle?
AF: Je suis out au boulot. Mes collègues savent que je suis homosexuel et ça ne pose aucun problème.
MF: Comment envisagez-vous votre avenir?
AF: J'aimerais bien avoir des enfants.
MF: Notre blog étant très consulté, quel message pouvez-vous adresser à nos nombreux lecteurs à travers l'Afrique, les Antilles, l'Europe et le monde?
AF: Je ne peux que leur dire de ne pas baisser les bras ni aller à l'extrême à cause de leur sexualité. C'est l'éducation qui détermine la vie d'une personne et non son orientation sexuelle.
MF: Merci Alphonse d'avoir accepté notre entretien.
AF: C'est moi qui vous remercie et c'était avec plaisir.
- Pour plus d'informations sur l'association Flag: www.flagasso.com