Depuis quelques
temps, on assiste à une nouvelle forme de dénigrement vis-à-vis des homosexuels
en Afrique. Si, ceux qui réussissent sont tolérés par leurs entourages,
cela n’est pas le cas pour les autres.
L'argent serait-elle un moyen pour se faire tolérer dans une société homophobe |
En effet, la
crise économique galopante a amplifié le chômage dans certains coins du
continent. Face à cette situation, réussir sa vie et surtout avoir un emploi
bien rémunéré est devenu extrêmement difficile. Il faut retenir que plus de la
moitié de la population africaine est composée de jeunes de moins de 25
ans. Cela complique bien de choses malgré une tranche d’âge très active.
Le manque d’emploi est un fait général. Cette situation qui va de paire avec la
pauvreté est l’une des raisons du profond délabrement du niveau de vie d’une
bonne majorité des couches sociales, moyennes ou défavorisées.
Ceci nous
conduit à dénoncer une situation tout à fait rocambolesque mais qui semble
prendre de l’ampleur. Il s’agit de l’association de la réussite avec l’homosexualité.
Réussir actuellement en RDC et dans certains pays africains est associé à cette sexualité tant décriée partout
sur le continent. Ce fait concerne surtout les jeunes hommes qui arrivent à se
faire embaucher dans les grandes entreprises de la place. D’aucuns
déclarent que ces jeunes accèdent à ces postes en échange de leurs charmes
auprès de certains responsables politiques ou certains chefs d’entreprise.
En RDC, plus
particulièrement à Kinshasa, on a l’habitude de pointer du doigt certains
employés privilégiés dont l’ascension sociale fulgurante semble être un mystère
dans un contexte socialement chaotique. Selon les dires, ces jeunes auraient
sacrifiés leurs derrières pour avoir des postes importants, c'est-à-dire,
qu’ils auraient accepté de se faire sodomiser par des hauts cadres pour avoir
une place dans une entreprise.
Pour
vérifier cette rumeur, nous avons effectué à plusieurs reprises des visites
dans certaines grandes entreprises privées ou étatiques de la capitale
congolaise. Effectivement, nous avons remarqué qu’il y a beaucoup de jeunes aux
postes de responsable surtout dans les banques. En réalité, ce
« phénomène » est dû tout simplement à une nouvelle politique
destinée à renforcer le dynamisme dans le secteur de l’emploi et surtout à la
reprise des activités dans le secteur bancaire ainsi que l’explosion dans le
marché de la téléphonie cellulaire. Ces jeunes formés pour certains à
l’étranger ou dans les universités du pays ont apporté un nouveau souffle
dans ces entreprises. Cela n’est pas du tout lié à la sexualité. Toutefois,
nous ne pouvons pas non plus dire que des faveurs puissent être inexistantes.
Mais, il ne faut pas généraliser un fait dont la véracité reste très floue.
Les banques, un des secteurs accusé d'être la plaque tournante de l'homosexualité. Les employés y seraient engagés en échange de certaines faveurs. |
Ces accusations ne
se limitent pas qu’au niveau des entreprises, elles s’étendent dans la
politique et même dans le show-biz. Certains politiciens sont accusés de
favoriser les candidatures de leurs jeunes « poulains ». Les artistes
musiciens congolais de renom, sont constamment indexés. On leur reprocherait
d’avoir des rapports assez particuliers avec certains de leurs collaborateurs.
Pourtant à ce jour, aucune preuve n’a été apportée à ces déclarations qui
courent pourtant les rues. Encore une fois, c’est ce besoin de salir, de
critiquer et de calomnier qui conduit les gens à inventer de telles histoires.
Fally Ipupa, le chanteur congolais est souvent victime des rumeurs tendant à soutenir qu'il serait homosexuel et il utiliserait sa sexualité pour réussir. |
Il est
impossible d’imaginer que l’homosexualité serait à la fois méprisée et
favorisée dans un milieu où l’hostilité est omniprésente. Il y a quelques
années, c’est la femme qui était victime de telle accusation. L’ascension d’une
femme dans la société était sujette de plusieurs controverses. On la traitait
de légère. Sa réussite sociale ne pouvait être que le fruit de ses rapports
avec ses supérieurs. Bref, la théorie soutenant qu’il faut coucher pour réussir
est très fortement encrée dans la mentalité congolaise et africaine. Dans les
années 80, par exemple, un phénomène appelé chic choc chèque avait déferlé dans
le milieu estudiantin de Kinshasa. Il consistait pour une jeune fille d’avoir
un amant chic, bien habillé, beau avec un bel aspect pour épater ses collègues.
Un autre choc, celui qui lui fait battre le cœur. Et, le dernier, le chèque,
c’est celui qui avait de l’argent pour financer les études. C’était donc,
un moyen pour se frayer un chemin dans la société.
Bizarrement
aujourd’hui, ces critiques touchent aussi les hommes. Leurs réussites ne
sont plus liées seulement à leur intelligence mais aussi à leurs
sexualités. On pense que tel réussit mieux que l’autre parce qu’il couche
avec un supérieur. Si tel était le cas, la minorité homosexuelle de Kinshasa
serait très aisée et on ne compterait pas de chômeur parmi elle. Pourtant, la
plupart des gens dans cette communauté croupissent dans la misère. D’ailleurs,
un grand nombre de personne que nous avons rencontré dans le cadre de cette
rédaction est au chômage. Ceux qui travaillent gagnent à peine de quoi
vivre. Seuls quelques rares ont une vie moyenne ou aisée. Donc, Nous
pouvons dire qu’entre la rumeur qui circule et la réalité, l’écart est énorme.
JW