Le Droit à la santé et le
militantisme LGBTI sont deux éléments essentiels qui doivent être associés pour
la réussite de l’intégration des minorités sexuelles dans la société. Bien que la
plupart des États en Afrique se montrent hostile envers l’homosexualité, ils
sont signataires de certains engagements internationaux qui prônent le respect
du Droit à la santé.
La République démocratique du
Congo figure parmi ces pays qui ont signé la charte africaine
des Droit de l’Homme et des peuples dont
les clauses incluent le Droit à la santé. De plus, ce vaste État d’Afrique
centrale applique 6 conventions
spécifiques sur les Droits Humains. Parmi elles, il y a le pacte international
sur les Droits économiques, sociaux et culturels. Les dispositions de ce pacte
soutiennent notamment le Droit à la santé.
Les personnes issues des minorités sexuelles sont parmi les catégories sociales vulnérables et marginalisées |
Selon L’organisation Mondiale de
la Santé (OMS), le Droit à la santé est un droit fondamental de tout être
humain de posséder le meilleur état de santé qu’il est susceptible d’atteindre. Ce Droit suppose de pouvoir accéder en temps opportun à des soins acceptables, abordables et de qualité approprié. Pourtant, comme l'avance l'OMS, Les dépenses de santé mettent chaque année dans le monde, environ 150 millions de personnes en situation financière catastrophique et en font passer 100 millions en dessous du seuil de pauvreté. Pour que le Droit à la santé soit une réalité, les États doivent créer des conditions permettant à chacun de jouir du meilleur état de santé possible. L'organisation internationale précise que le Droit à la santé n'est pas le droit d'être en bonne santé. Selon elle, les problèmes de santé touchent généralement de façon disproportionnée les catégories sociales vulnérables et marginalisées.
Cette déclaration démontre que les minorités sexuelles font aussi partie des catégories susmentionnées car elles ne jouissent pas comme il se doit de ce
droit. Victimes d’une forte stigmatisation, ils n’ont pas accès facilement au
soin dans la plupart des pays du globe.
Selon l'organisation non gouvernementale congolaise Progrès Santé Sans Prix (PSSP), le taux de prévalence du VIH reste très élevé au sein de
la communauté homosexuelle en RDC. Cette dernière fait partie des personnes LGBTI dont le chiffre global au Congo-Kinshasa était estimé en 2011 à 427.000 individus soit 0,04% de la population . La loi numéro 08/011 datant du 14 juillet 2008 portant protection des
personnes vivant avec VIH/Sida et des personnes affectées inclue dans son chapitre 2, article 2, alinéa 5 les homosexuels
comme faisant partie du groupe vulnérable. Depuis, 2014, les personnes
issues des minorités sexuelles sont classées comme populations clés dans le
cadre de la lutte contre le Sida. Malheureusement, les associations qui militent
pour la défense des LGBTI dans ce pays ne perçoivent pas des fonds appropriés pour faire face aux
besoins existant sur terrain. Pourtant, chaque individu doit avoir accès aux soins
adaptés pour assurer son bien-être dans la société. Ce bien-être est à la
fois physique et mental. Ainsi donc, même sur le point de l'orientation sexuelle, la Droit
à la santé doit être assurée afin de garantir l’épanouissement d’une personne.
Avec le chiffre mentionné ci-haut, il n’est plus un secret pour personne que l’homosexualité
existe bel et bien en RDC. Pour preuve,
un élan de militantisme semble envahir la communauté LGBTI au point que
des groupes associatifs ne cessent de se former pour défendre la cause des
minorités sexuelles face à certaines formes de transgressions des Droits
Humains dont elles sont victimes. D'après la cartographie actuelle, il existe 8 associations militantes LGBTI à Kinshasa, 2 dans le Nord-Kivu, 2 dans le Sud-Kivu, 1 dans la Province Orientale et 1 dans le Bas-Congo. Elles n'ont certes pas toutes une autorisation légale pour fonctionner mais elles essayent de s'activer pour défendre la cause des gays, des lesbiennes, des bisexuels, des transgenres et des inter-sexes. La récente intégration d'une plate-forme regroupant les Hommes ayant des rapports sexuels avec les Hommes (HSH) au sein de la société civile de la ville province de Kinshasa est le résultat des efforts fournis par ces associations.
Cependant, l'hostilité qu'affiche une grande partie de la population envers les minorités sexuelles et le manque d'une politique adéquate en matière d'accès aux soins retardent l’évolution des choses. Partant du fait que tout Droit dépend de l’autre, la violation d’une loi touche les autres actes. Cela constitue un frein à l’atteinte des objectifs visant à assurer le bien-être et l’épanouissement de chacun. Parmi les contraintes touchant à la promotion du Droit à la santé en RDC en ce qui concernent les homosexuels, on peut citer :
83 % de l'ensemble de la population LGBTI recensée en RDC vit dans le secret. |
Cependant, l'hostilité qu'affiche une grande partie de la population envers les minorités sexuelles et le manque d'une politique adéquate en matière d'accès aux soins retardent l’évolution des choses. Partant du fait que tout Droit dépend de l’autre, la violation d’une loi touche les autres actes. Cela constitue un frein à l’atteinte des objectifs visant à assurer le bien-être et l’épanouissement de chacun. Parmi les contraintes touchant à la promotion du Droit à la santé en RDC en ce qui concernent les homosexuels, on peut citer :
-La stigmatisation et la
discrimination des LGBTI, en général et
des Hommes ayant des rapports sexuels avec des Hommes (HSH), en particulier :
Cette situation complique sérieusement l’accès
au soin pour les HSH. Ils sont contraints de vivre leurs relations dans la
clandestinité ce qui amplifie les risques de contamination aux MST et au VIH. Selon une étude faite en 2014 par Josephine Head, les homosexuels ayant des problèmes de santé suite aux pratiques liés à leur orientation sexuelle sont ridiculisés par les personnels soignants. Ils ne sont parfois pas traités ou ils subissent des critiques méchantes. Ce comportement est fortement à la base de la stigmatisation qui pousse les gays et les bisexuels, en particuliers, à éviter les hôpitaux en cas d'infections sexuelles. Il faut noter que 83% de l'ensemble de la population LGBTI recensée vit dans le secret. Le taux de prévalence du VIH au sein de ce groupe était de plus de 30% l'année dernière.
- Le manque de prise en compte
sur la liste des médicaments essentiels des gels lubrifiants à base d’eau et
des préservatifs : Il est très difficile de s’approvisionner en gel
lubrifiant en RDC car l’État ne prend pas en compte ce produit qui est pourtant
considéré comme un médicament par l’OMS. De ce fait, les dépôts pharmaceutiques ne les commandent
pas. Donc, la vente de ce produit en pharmacie est extrêmement rare. Les
quelques pharmaciens qui en vendent, le font à un prix qui n’est pas à la
portée de toutes les bourses. Par contre les préservatifs sont plus accessibles
car ils sont commercialisés dans la majorité des pharmacies et autres endroits. Ceci peut s'expliquer par le fait que le préservatif est plus considéré comme un contraceptif dans les rapports hétérosexuels.
- La plupart des associations de lutte contre les MST et le VIH/Sida n'ont pas comme spécificité la défense des personnes issues des minorités sexuelles. Elles sont focalisées sur divers domaine englobant la santé. Néanmoins, elles constituent des vraies alliées pour la communauté LGBTI.
Face à cette situation, le législateur doit veiller à ce que les lois en vigueur en matière des Droits à la santé puissent être appliquées afin d'assurer la convivialité sociale. Malgré que la loi congolaise est neutre en ce qui concerne l'homosexualité cela ne doit pas être une raison pour ne pas prendre en considération les problèmes que rencontrent les personnes issues des minorités sexuelles, en général et en particulier les HSH. Un dialogue franc doit être entretenu entre la société civile et les autorités du pays afin de garantir et de faciliter l'accès au soin à cette population vulnérable.
Sources: OMS, PSSP, Femmes Plus, Si Jeunesse Savait.
Documents:
Effecting Culture Change around Attitudes to LGBTQ Communities
in the Democratic Republic of Congo:
Scoping
Mission to Kinshasa, 1-11th June 2014 by Josephine Head
Justice Walu
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