vendredi 10 juin 2016

RDC : Amalgame autour de l’interdiction d’adoption des enfants congolais par des couples homosexuels étrangers




Les homosexuels et les transsexuels ne pourront pas adopter des enfants Congolais.  C’est ce que stipule le texte de la proposition de loi portant sur l’adoption des enfants en RDC voté le 31 mai dernier par le sénat. 

Selon  cette loi, un individu ou un couple peut adopter, à condition qu’il ne soit ni homosexuel ni transsexuel. Le Président de la Commission  politique et juridique de la haute chambre du Parlement, Sébastien Adambu a expliqué ce vote en affirmant qu’il était important de prendre des mesures  pour encadrer l’adoption des enfants congolais à l’étranger. Cependant, les déclarations du Président de la Commission PAJ sont à la base de certains amalgames  en ce qui concerne l’homosexualité. 

Le palais du peuple à Kinshasa, siège du Sénat congolais



En effet, s’exprimant au sujet de l’adoption internationale sur Radio Okapi,  monsieur Adambu a déclaré: « Il est important qu’on puisse mettre des gardes fous pour permettre à ce que l’enfant congolais adopté par un étranger soit dans un cadre familial paisible nécessaire à son développement ». A lire cette déclaration, d’aucuns se demandent si un cadre paisible nécessaire au développement d’un enfant congolais adopté par un étranger ne peut être assuré que par un individu ou un couple hétérosexuel. Du coup, on peut se poser la question de savoir si cette loi a été adoptée dans un environnement où prédominent certains préjugés sur l’homosexualité qui, d'ailleurs, n'est pas condamnée en RDC. Cela prouve à suffisance que les membres de la Commission PAJ ont laissé exprimer leurs profonds sentiments  sans pour autant se documenter sur l’adoption des enfants par les couples homosexuels.

Pourtant, depuis quelques années, il est reconnu que les enfants adoptés par des homosexuels sont parfaitement équilibrés et sains comme ceux qui vivent dans des familles hétéroparentales.  Malgré les réserves émis par certains chercheurs, la vie d’un enfant au sein d’un couple homoparentale n’a, en général, aucune conséquence sur son épanouissement. En adoptant ce projet de loi, le Sénat congolais aurait pu éviter une raison stigmatisante comme celle évoquée par le Président de la commission PAJ. 

Nul n’ignore que des milliers d’enfants sont abandonnés à leur propre sort à travers les rues de Kinshasa et de certaines villes du pays.  Ils proviennent des familles hétéroparentales qui suite à la pauvreté n’assume pas comme il se doit leur rôle de parents. Ces enfants finissent shégués ou enfants de rues le plus souvent dans l’indifférence totale de la société. L’État, de son côté, ne mène aucune action concrète à long terme pour leur  réinsertion totale. Pire, au fil des années,  un nouveau genre de délinquance juvénile à vu le jour. Il s’agit des gangs de rue dénommé kuluna qui sèment la désolation à travers les quartiers populaires de Kinshasa. Face à une telle réalité, l’adoption des orphelins  ou enfants provenant des milieux défavorisés est une bonne alternative qui pourrait  leur garantir une éducation meilleure. Cela peu importe que la famille qui les adopte soit hétéroparentale ou homoparentale.

Pour rappel, la RDC avait suspendu en septembre 2013 toute adoption d’enfants congolais par des couples étrangers, principalement originaire de l’Amérique du Nord et de l’Europe de l’Ouest. Cette suspension qui a duré deux ans et demi a été justifiée officiellement par la nécessité d'enquêter sur le bien-être des enfants adoptés à l'étranger à la suite d'allégations selon lesquelles certains auraient été maltraités ou leur adoption transférée à des couples homosexuels. Après plusieurs pressions diplomatiques, certains enfants avaient pu rejoindre leurs parents adoptifs pour des raisons humanitaires.  L’adoption tant attendue de la nouvelle loi permettra de relancer de façon officielle le départ de plusieurs autres enfants après une étude de leurs dossiers. 


JW


 

1 commentaire:

  1. Je suis pleinement d'accord avec toi. C'est un drame de laisser tous ces enfants livré à eux-même et aux pires bandits dans la rue. Tout ce dont ils ont besoin, c'est d'un peu d'amour et une bonne éducation. Qu'importe si ceux qui veulent les prendre sous leurs ailes sont hétéros, gays ou lesbiennes. Ce qui compte, c'est qu'ils les aiment et les respectent, et qu'ils leurs apprennent à aimer leur pays d'origine et à en être fier.

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