dimanche 3 juillet 2016

RDC: La dure réalité des transsexuels de Kinshasa

Comme c'est le cas dans la plupart des villes en Afrique, les transsexuels n'ont pas la vie facile à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo.

Le centre ville de Kinshasa


Déjà, les autres minorités sexuelles telles les homosexuels, les bisexuels et les lesbiennes sont contraintes, dans la majorité des cas, de vivre caché pour éviter d’éveiller des soupçons sur leurs sexualités. La société, en général, étant très critique et hostile à leur égard, elles évitent de s'afficher au grand jour de peur d'être stigmatisées.  Concernant les transsexuels, les choses sont encore beaucoup plus compliquées.

En effet, visiblement détectable de part leur physique androgyne et leurs accoutrements (coiffure et tenue vestimentaire féminine), les transsexuels sont doublement discriminés dans la société. Dans la plupart des cas, ils sont rejetés par leurs familles qui voient en  eux une source de malédiction ou de honte. Dans la vie pratique, ils ont du mal à se faire embaucher pour un emploi décent. Cette situation a conduit pas mal de transsexuels à s'adonner à la prostitution pour survivre.  Selon La Mama, un membre influent de cette communauté, la prostitution est souvent une source de revenus sure pour les personnes transgenres à Kinshasa. Cependant, il reconnait que les transsexuels qui exercent le plus vieux métier du monde sont très vulnérables face aux maladies sexuellement transmissibles et aux agressions physiques. Ces dernières proviennent notamment des clients et sont monnaies courantes comme nous l'a confirmé La Mama. Celui-ci encadre également un groupe de transsexuels dans le district de Tshangu. De ce fait, il reçoit régulièrement des plaintes de ses amis qui ont été violentés par leurs clients.

Selon La Mama, ces clients abordent ces trans tout en sachant qui ils sont réellement. "Après avoir couché avec eux, ils se mettent à les menacer et à leur faire des chantages", a t-il précisé. Pire, a t-il ajouté, il les frappent et les humilient. Il a aussi dénoncé des cas d'agressions qui se sont terminés par un viol. Il faut savoir qu'il est difficile, en général, pour une personne LGBTI de réclamer ses droits en RDC. Dans une telle vie où la prostitution est une des voies pour trouver le salut, les transsexuels sont très exposés au VIH/Sida. D'ailleurs, ils sont classés parmi les HSH (Hommes ayant des rapports sexuels avec les Hommes) comme les homosexuels et les bisexuels. Ce groupe figure au sein des populations clés qui sont considérés comme prioritaires par l'ONUSIDA dans la lutte contre la pandémie.

Face à un taux de prévalence alarmant, La Mama essaie d'apporter sa contribution dans la lutte contre le VIH en sensibilisant ses pairs face aux risques qu'ils en courent. Il reconnait être devenu activiste suite à la discrimination qu'il a eu à subir dans sa vie. A 38 ans, il s'assume entièrement en tant que transsexuel malgré l'hostilité qu'il est obligé d'affronter tous les jours. La vie n'est pas facile pour nous dans cette société, a t-il souligné. Malgré cette forte discrimination, les transsexuels arrivent quand même à vivre leur existence. Pour preuve, ils expriment librement leur identité du genre car ils se sentent femme depuis leur plus jeune âge. Certains, comme Gabriela, qui vit à Ngaliema a avoué vouloir changer carrément de sexe. Il nous a déclaré qu'il ne s'identifiait pas comme un homme et un changement de sexe pourrait le rendre définitivement femme. Toutefois, il faut noter qu'avant toute opération, il y a un traitement aux hormones qui s'impose ainsi qu'un suivi psychiatrique. Pour l'instant, en RDC, on en est pas encore à tous ces stades et les transsexuels qui souhaitent changer de sexe devront encore patienter des années. Pour sa part, La Mama n'envisage pas de  modifier  son aspect physique car ayant compris qu'il était déjà une femme au fond de lui même.

JW

vendredi 1 juillet 2016

RDC: La communauté LGBTI de Tshangu vulgarisée sur le dépistage volontaire

La communauté LGBTI  de Tshangu à Kinshasa, a été vulgarisée jeudi 30 juin 2016 sur le dépistage volontaire. L'activité organisée à Masina par une association identitaire regroupant les homosexuels du district a connu la participation de l'ONG ICAP spécialisée dans la lutte contre le VIH/Sida.

Une vue de Masina sur le boulevard Lumumba dans le district de Tshangu

La journée de vulgarisation qui a coïncidé avec la célébration des 56 ans  de l'indépendance de la RDC, avait pour but de faire comprendre à la communauté que le VIH n'est pas une fatalité. A cet effet, les organisateurs ont précisé à l'assistance composée majoritairement des HSH (Hommes Ayant des rapports sexuels avec des Hommes) qu'une fois une personne est détectée positive, elle est prise en charge médicalement et placée sous traitement  Anti Rétro Viraux (ARV). D'aucuns savent que cette mobilisation revêt une importance capitale car elle se situe dans le cadre des objectifs  90-90-90 de l'ONUSIDA qui visent, entre autres, à réduire sensiblement le taux de prévalence du VIH et à mettre le plus grand nombre de personnes infectées sous ARV.

Il faut noter que le taux de prévalence reste très élevé au sein des HSH en RDC.  Prenant la parole, le docteur Jordan Lafe, chargé des MSM au sein d'ICAP, a précisé aux participants combien il était important de connaitre son état sérologique en tant que personne ayant des rapports homosexuels. En effet, comme l'a déclaré le médecin, les HSH sont exposés à différentes sortes d'infections dues à leur sexualité. C'est ainsi qu'il a rappelé à l'assistance l'importance du port du préservatif et de l'utilisation du gel lubrifiant lors de l'acte sexuel entre partenaires de même sexe.

Après la séance de vulgarisation, plusieurs participants ont été dépistés volontairement sur place par une équipe d'ICAP. Parmi les HSH ayant répondu à cette rencontre, on a noté la présence des homosexuels, des bisexuels et des transsexuels. Tshangu étant le plus grand des 4 districts que compte la ville Province de Kinshasa, il renferme aussi un nombre important des personnes issues des minorités sexuelles. Les HSH demeurent un groupe à risque classé parmi les populations clés. Depuis quelques temps, ils sont visés par ces genres d'activités afin de les amener à se faire dépister et à opter un comportement sexuel plus responsable. C'est la cinquième fois qu'une telle activité se tient à Tshangu grâce aux membres d'une association  identitaire de ce district.

JW