dimanche 13 juillet 2014

RDC-Kivu: Un homosexuel victime d'une violente agression à Bukavu


Un  homosexuel connu sous le pseudonyme de Kivu a été sauvagement battu et violé par six jeunes hommes  le mardi 01 juillet 2014 à Bukavu dans le Sud-Kivu. Selon notre source,  l'action s'est déroulée vers 20 heures dans le quartier de Nyamugo Soko dans la commune de Kabutu.

Une vue de la ville de Bukavu dans la Province du Sud-Kivu

Kivu, un jeune membre et pair éducateur au sein d'une ONG de Bukavu rentrait à son domicile lorsqu'il a été attaqué par ses six agresseurs.  Voici son récit:  
C'était vers 20heures au moment où je rentrais chez moi. A 30 mètres de mon domicile,  j'ai entendu une personne me lancer: Il est là ce pédé porte-malheur. Tout à coup, j'ai vu six personnes portant des casquettes surgirent d'une cachette et ils se sont jetés sur moi. Ils m'ont plaqué sur le sol, m'ont menotté les bras et bandé la bouche. Ensuite, ils m'ont battu avec une barre de fer tout en me donnant des coups de poing. Après, ils m'ont déshabillé et quatre d'entre eux m'ont violé sans préservatif en me disant qu'ils vont  m'apprendre à devenir hétérosexuel.

Une fois leur acte terminé, les six agresseurs ont abandonné Kivu totalement nu dans la rue  et saignant au niveau de l'anus. En partant, ils ont pris son téléphone et une somme équivalent à plus de 11 dollars américains. La jeune victime n'a été secouru que deux heures après par des passants. Le lendemain, il a appelé le point focal de leur Ong afin qu'il constate les faits dont il a été victime. Selon Kivu, les six agresseurs seraient des jeunes habitant le même quartier que lui. Depuis deux mois, ces tortionnaires ne cessaient de lui lancer des insultes à chaque fois  qu'ils se croisaient dans la rue, a t-il précisé. Comme conséquence, Kivu s'en tire avec les deux yeux tuméfiés et  des lésions au niveau de l'anus.

Il faut reconnaitre des cas d'une agression violente envers les homosexuels sont rares en RDC mais les personnes LGBTI sont quotidiennement indexées, insultées et menacées. La législation du Congo-Kinsahsa étant neutre en ce qui concerne l'homosexualité laisse place à toute sorte de violations qui vont des chantages aux extorsions d'argent en passant par des arrestations arbitraires. Ces actes sont souvent possibles avec la complicité des agents de la police.

JW

vendredi 4 juillet 2014

Violations de droits des personnes LGBTI en RDC




Bien que la République démocratique du Congo soit neutre sur le plan législatif en matière d'homosexualité, la communauté LGBTI n'est pas épargnée des tracasseries et autres menaces au sein de la société. 

Ces actes de persécution à l'égard de la minorité homosexuelle ne sont pas seulement l’œuvre de la population souvent sous informée.  Ils sont surtout orchestrés par des agents de l'ordre, les politiciens mal intentionnés et des évangélistes conservateurs.

La Cour Suprême de Justice de Kinshasa. La loi congolaise est neutre en matière d'homosexualité. Cependant, cette neutralité laisse libre court à certaines répressions envers les personnes LGBTI




Les homosexuels les plus visibles, à savoir les efféminés et les transsexuels sont très visés par les arrestations arbitraires.
 


En ce qui concerne les violations des droits des personnes LGBTI au Congo Kinshasa, les cas suivants sont très récurrents:

- Les arrestations arbitraires et détentions illégales : Elles visent particulièrement les homosexuels visiblement identifiables dans les lieux publiques, à savoir: la rue, les bars, les boites de nuit, les soirées mondaines, etc. Perpétrées par des agents de l'ordre, ces violations ont pour but l'intimidation et l'extorsion des victimes. S'en suivent après des détentions illégales qui peuvent aboutir à des violences physiques comme des attouchements et des viols ou d'autres traitements dégradants comme l'obligation de la personne détenue à se mettre nu, la masturbation involontaire, introduction d'objets par voie anale, agression barbare, etc.

- Violation des procédures: Une fois qu'une personne LGBTI est arrêtée ses droits ne lui sont jamais signifiés. Pire, des droits fondamentaux comme la présomption d'innocence et le droit au silence ainsi que la présence d'un avocat  sont carrément omis.   De plus,  la police a tendance depuis quelques années à être de connivence avec la presse à sensation. Dès qu'un homosexuel est accusé d'un fait, les agents de l'ordre appellent des journalistes sans scrupules pour relayer l'affaire.  L'information est diffusée à la télévision sur certaines chaines assoiffées d'audience comme Molière TV. La personne incriminée est alors offerte à la presse qui l'interview sans la moindre déontologie. Les images propagées à travers les médias visent la désinformation et frisent le ridicule car elles mettent à jour l'amateurisme de cette presse qui vise le sensationnalisme.


- Diabolisation par certains évangélistes et politiciens populistes: Il n'est un secret pour personne que les églises évangéliques en général condamnent l'homosexualité. Cette situation a poussé la plupart des pasteurs de ces sanctuaires religieux à avoir un discours très homophobe envers les personnes issues des minorités sexuelles. Ils ne cessent  d'associer l'homosexualité au satanisme ou à l'occultisme. De l'autre côté, certains politiciens renforcent cette haine envers les homosexuels par leurs déclarations soutenant que les relations entre deux hommes ou deux femmes est une importation de l'occident. Ils ajoutent que cette forme de sexualité n'est pas conforme aux traditions africaines. Pour mieux soutenir leurs idées, ils vont même jusqu'à mettre en place des projets de loi visant l'interdiction de l'homosexualité sur le territoire congolais. Ils partent de l'idée que dans la pensée populaire, les homosexuels sont mal perçus au sein de la société. Donc, pour eux, c'est plus simple de faire adhérer la masse à leur idéologie politique.   

L'ex Député national et évangéliste Ejiba Yamapia a été le premier politicien en RDC à proposer une loi anti gay en octobre 2010 à l'Assemblée Nationale. Le projet a été soumis sans suite à la commission culturelle du parlement. En novembre 2013, un autre Député national, Steve Mbikayi du Parti travailliste a lui aussi déposé une proposition de loi devant interdire l'homosexualité sur le sol congolais. Avant eux, une proposition a été également faite en 2009 au niveau de l'Assemblée provinciale de Kinshasa par le bureau d'étude de cette institution afin d'interdire les relations entre personnes de même sexe au sein de la ville Province de Kinshasa. Selon le bureau d'étude de l'APK, l'homosexualité est à la base de la dépravation des mœurs dans la capitale congolaise au même titre que la prostitution féminine. Cette proposition n'a pas été retenue parmi les sujets à l'ordre du jour.





- Discrimination en milieu de soin: Les homosexuels sont doublement discriminés lorsqu'ils veulent accéder au soin en cas de problème de santé liés à leur sexualité (cas des personnes atteintes des MST ou du VIH/SIDA).  Il y a des graves violations en ce qui concerne le droit à la santé car la stigmatisation qu'ils subissent constitue un frein pour l'accès au soin dont ils ont besoin pour survivre. Il faut ajouter à cela, la transgression du droit à la confidentialité. L'état sérologique d'une personne LGBTI est très souvent divulgué par les personnels soignant des hôpitaux dans le but de l'humilier. Ces personnels médicaux violent du coup leur serment. 

Accéder au soin lorsqu'on est homosexuel n'est chose facile en RDC. Les personnes issues des minorités sexuelles sont victimes de stigmatisation lorsqu'elles veulent accéder au soin dans les hôpitaux et les centres de santé. Leur orientation sexuelle est mise en avant et elles sont pointées du doigt. Elles sont doublement stigmatisées d'abord par rapport au VIH/SIDA, ensuite parce qu'elles sont homosexuelles.




A part ces actes énumérés, il ne faut pas oublier les chantages, les insultes, les quolibets, le rejet au niveau de la famille, la pression au mariage, etc.


Justice Walu  

Source : Les droits humains et droits à la santé des  LGBTI en RDC par Maitre Olivier Okakessema