dimanche 29 juin 2014

Afrique-RDC: L'homosexualité serait-elle un ascenseur social?




Depuis quelques temps, on assiste à une nouvelle forme de dénigrement vis-à-vis des homosexuels en Afrique. Si, ceux qui réussissent sont tolérés par leurs entourages,  cela n’est pas le cas pour  les autres.

 L'argent serait-elle un moyen pour se faire tolérer dans une société homophobe


 En effet, la crise économique galopante a amplifié le chômage dans certains coins du continent. Face à cette situation, réussir sa vie et surtout avoir un emploi bien rémunéré est devenu extrêmement difficile. Il faut retenir que plus de la moitié de la population africaine est  composée de jeunes de moins de 25 ans. Cela complique bien de choses malgré une tranche d’âge très active.  Le manque d’emploi est un fait général. Cette situation qui va de paire avec la pauvreté est l’une des raisons du profond délabrement du niveau de vie d’une bonne majorité des couches sociales, moyennes ou défavorisées.


 Ceci nous conduit à dénoncer une situation tout à fait rocambolesque mais qui semble prendre de l’ampleur. Il s’agit de l’association de la réussite avec l’homosexualité. Réussir actuellement en RDC et dans certains pays africains est associé à cette sexualité tant décriée partout sur le continent. Ce fait concerne surtout les jeunes hommes qui arrivent à se faire embaucher dans les grandes entreprises de la place.  D’aucuns déclarent que ces jeunes accèdent à ces postes en échange de leurs charmes auprès de certains responsables politiques ou certains chefs d’entreprise. 

 En RDC, plus particulièrement à Kinshasa, on a l’habitude de pointer du doigt certains employés privilégiés dont l’ascension sociale fulgurante semble être un mystère dans un contexte socialement chaotique. Selon les dires, ces jeunes auraient sacrifiés leurs derrières pour avoir des postes importants, c'est-à-dire, qu’ils auraient accepté de se faire sodomiser par des hauts cadres pour avoir une place dans une entreprise.
 
 Pour vérifier cette rumeur, nous avons effectué à plusieurs reprises des visites dans certaines grandes entreprises privées ou étatiques  de la capitale congolaise. Effectivement, nous avons remarqué qu’il y a beaucoup de jeunes aux postes de responsable surtout dans les banques. En réalité, ce « phénomène » est dû tout simplement à une nouvelle politique destinée à renforcer le dynamisme dans le secteur de l’emploi et surtout à la reprise des activités dans le secteur bancaire ainsi que l’explosion dans le marché de la téléphonie cellulaire.  Ces jeunes formés pour certains à l’étranger ou dans les universités du pays ont apporté un nouveau souffle dans ces entreprises. Cela n’est pas du tout lié à la sexualité. Toutefois, nous ne pouvons pas non plus dire que des faveurs puissent être inexistantes. Mais, il ne faut pas généraliser un fait dont la véracité reste très floue.

 Les banques, un des secteurs accusé d'être la plaque tournante de l'homosexualité. Les employés y seraient engagés en échange de certaines faveurs.


 Ces accusations ne se limitent pas qu’au niveau des entreprises, elles s’étendent dans la politique et même dans le show-biz.  Certains politiciens sont accusés de favoriser les candidatures de leurs jeunes « poulains ». Les artistes musiciens congolais de renom, sont constamment indexés. On leur reprocherait d’avoir des rapports assez particuliers avec certains de leurs collaborateurs. Pourtant à ce jour, aucune preuve n’a été apportée à ces déclarations qui courent pourtant les rues. Encore une fois, c’est ce besoin de salir, de critiquer et de calomnier qui conduit les gens à inventer de telles histoires.


 Fally Ipupa, le chanteur congolais est souvent victime des rumeurs tendant à soutenir qu'il serait homosexuel et il utiliserait sa sexualité pour réussir.



 Il est impossible d’imaginer que l’homosexualité serait à la fois méprisée et favorisée dans un milieu où l’hostilité est omniprésente. Il y a quelques années, c’est la femme qui était victime de telle accusation. L’ascension d’une femme dans la société était sujette de plusieurs controverses. On la traitait de légère. Sa réussite sociale ne pouvait être que le fruit de ses rapports avec ses supérieurs. Bref, la théorie soutenant qu’il faut coucher pour réussir est très fortement encrée dans la mentalité congolaise et africaine. Dans les années 80, par exemple, un phénomène appelé chic choc chèque avait déferlé dans le milieu estudiantin de Kinshasa. Il consistait pour une jeune fille d’avoir un amant chic, bien habillé, beau avec un bel aspect pour épater ses collègues. Un autre choc, celui qui lui fait battre le cœur. Et, le dernier, le chèque, c’est celui qui avait de l’argent pour financer les études.  C’était donc, un moyen pour se frayer un chemin dans la société. 

Bizarrement aujourd’hui, ces critiques touchent aussi les hommes. Leurs réussites  ne sont plus liées seulement à leur intelligence mais aussi à leurs sexualités.  On pense que tel réussit mieux que l’autre parce qu’il couche avec un supérieur. Si tel était le cas, la minorité homosexuelle de Kinshasa serait très aisée et on ne compterait pas de chômeur parmi elle. Pourtant, la plupart des gens dans cette communauté croupissent dans la misère. D’ailleurs, un grand nombre de personne que nous avons rencontré dans le cadre de cette rédaction est au chômage.  Ceux qui travaillent gagnent à peine de quoi vivre. Seuls quelques rares ont une vie moyenne ou aisée.  Donc, Nous pouvons dire qu’entre la rumeur qui circule et la réalité, l’écart est énorme.

JW
 

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